REINOSO, Nicolás (La Havane 1939)

 

Rien ne destine Nicolás à la musique. Dans la famille personne ne joue d’un instrument ou ne chante. Il trouve que l’ambiance qui règne au Centro Especial de Música N° 1, proche de chez lui, est sympathique et décide de s’y inscrire alors qu’il a une quinzaine d’années. Il débute par le piano mais au sein de l’orchestre de l’école il commence assez rapidement à jouer du saxophone baryton sous la direction de José María MONTALVÁN puis entre dans l’orchestre de Julito  BARROSO  -d’abord au baryton puis au saxophone ténor-  qui anime bailes et fêtes particulières et possède un bon chanteur « Tabaquito ».

Puis Nicolás entre ensuite au Conservatoire Municipal où il étudie le solfège et la théorie et est admis comme  educando au sein de la Banda Municipal sous la baguette de Gónzalo ROIG. Avec l’aide de musiciens de la Banda  Nicolás REINOSO obtient de faire des suppléances dans diverses formations qui jouent dans les cabarets populaires de la plage de Marianao, notamment au Panchín vers 1956. Nicolás consacre les années suivantes à ses études au Conservatoire puis en 1962 suit des cours pour être Instructor de Arte.

 C’est l’année suivante qu’il retrouve les scènes en entrant au Capri dans la formation du chanteur  César SÁNCHEZ qui, au Salón Rojo, accompagne les vedettes de passage dans le cabaret , Miguel d’GONZALO, Marta JUSTINIANI, les “Hermanas VALDIVIA”, le trio “TROPICUBA”… Il y côtoie Rubén GONZÁLEZ avant que ce dernier ne rejoigne JORRIN.
Le saxophoniste rejoint ensuite à l’Atelier une des rares formations de jazz du moment le « FREE AMERICAN JAZZ » puis en 1964 le groupe du pianiste Tony GARCÍÁ avec le bassiste TAMAYO, le batteur Luis DOMENECH et le chanteur et tumbador Carlos GODINEZ. Le quinteto accompagne  aussi au cabaret La Red les vocalistes programmés,  María Elena PENA, notamment.



1965. Nicolas avec Los Cinco et
Doris
.
Photographie Collection R. Montesinos.

Lorsque le contrebassiste  Armando ZEQUEIRA forme « Los CINCO » il appelle Nicolás et ce dernier à ainsi l’opportunité de jouer  dès 1965 au Salón Libertad de l’ Hôtel Nacional, accompagnant les voix qui s’y présentent  et principalement Doris de la TORRE, Leonel BRAVET mais aussi Pablo MILANÉS… Dans le groupe figure également Rey MONTESINOS, guitare et il y retrouve Joe IGLESIAS, vibraphone ou batterie, qu’il a connu au sein du « FREE AMERICAN JAZZ ».

Le saxophoniste rejoint en 1967 un groupe formé par Eddy GAITÁN qui compte notamment sur la présence de Fabián GARCÍA CATURLA à la contrebasse ; Gilberto VALDÉS, drum ; Elpidio CHAPOTTÍN, trompette ; Freddy MUGUERCIA, guitare ; Norberto CARRILLO, tumbadora.




En 1968, reprenant sérieusement son saxophone, Leonardo ACOSTA organise pour le cabaret de l’hôtel Deauville, sur le Malecón habanero, une nouvelle formation, un septet axé sur la musique cubaine, musique brésilienne mais toujours fortement marquées par le jazz mettant en valeur les solistes. Nicolás REINOSO qui fréquente régulièrement ACOSTA lors de descargas organisées dans les locaux de l'Institut du Cinema,- l'I.C.A.I.C.- rejoint la formation qui joue ensuite au Flamingo attirant les amateurs de jazz de la capitale et particulièrement les jeunes musiciens d’autres groupes qui viennent pour des descargas. Il a l'opportunité de jouer en 1969 avec Bobby CARCASSÉS au Pabellón Cuba et intègre à plusieurs reprises la formation de Carlos FAXAS qui anime le Patio de l’ hôtel Habana Libre en 1972 ainsi que le Bar Las Antillas.


Vianez, contrebasse; Castillo, -musicien amateur- tumbadora; Guillermo García, drum; Rey Montesinos, guitare; Nicolás Reinoso, saxophone. 1965.

A la suite Nicolás REINOSO organise son propre cuarteto dans le même lieu. Il invite le contrebassiste Yoyi SOLER, le guitariste Julio RAMIREZ et le fidèle Tony VALDÉS à la batterie. Peu après Pedro BORCELÁ  se joint aux partenaires de Nicolás. Le groupe « LOBO » a un répertoire varié incluant la musique cubaine, des boleros, des thèmes de jazz et la musique brésilienne. Il fonctionne quelques mois, dans le même lieu avant de disparaître.
Au cours de l’année 1975 Nicolás rejoint pour plusieurs prestations à la télévision et pour une tournée dans l’Oriente le groupe qui accompagne « Las d’AIDA ». Il y côtoie notamment le timbalero  Amadito VALDÉS.

 

En 1976 Nicolás REINOSO organise un nouveau groupe encore informel, qui dans les semaines suivantes prendra pour nom « AFROCUBA ». REINOSO fait appel à son partenaire de divers projets le batteur Tony VALDÉS et à de jeunes musiciens: Ernán LÓPEZ NUSSA, piano ; Fernando ACOSTA, saxophone soprano ; René Luis TOLEDO, guitare ; Ángel Luis LÓPEZ, contrebasse ;  Robertico GARCÍA, trompette ; Mario Luis PINO, tumbadora ; le chanteur Anselmo FEBLES et surtout à un très jeune prodige du saxophone José Carlos ACOSTA. Ce dernier est le principal compositeur et arrangeur de la formation avec TOLEDO et Fernando. Rapidement sous l’effet de ces jeunes dont certains sont encore à l’E.N.A.  « AFROCUBA » se démarque des groupes du moment. Les sonorités s’écartent aussi de la nouvelle ligne développée par  « IRAKERE » mais sont aussi solidement  inspirées par les rythmes afrocubains et  le jazz et dont se nourrit le saxophoniste depuis de nombreuses années. La musique du groupe n’est pas une musique bailable étant donnée sa construction avec des mesures asymétriques.  Elle est nouvelle sur le plan harmonique, pour le timbre et offre une belle complexité. La virtuosité a sa place dans cette musique.  Parmi les thèmes illustrant ces conceptions figurent « Mazamorra », « En lloro » de José Carlos, « Canción para un niño perdido », « Canto a Ellegua » de René Luis.
Immédiatement « AFROCUBA » obtient d’importants succès auprès de la jeunesse de la capitale qui  assiste aux concerts au Museo de Bellas Artes, au Teatro Karl Marx,  dans  différents lieux du Festival de la Juventud et surtout sur Radio Progreso. Un an plus tard le groupe reçoit un Prix au concours de musique de la Uneac -avec parmi les membres du jury Armando ROMEU et « Chucho » VALDÉS- qui lui vaut la possibilité d’enregistrer un disque. Suite à divers problèmes avec les autorités culturelles et des conflits dans la formation REINOSO abandonne son groupe entre la fin de 1978 et le début de 1979.

Nicolás Reinoso assis à droite avec "Chembo". Debout au centre Tony Valdés et à droite Ernan Lopez Nussa.
Tous quatre membres de Afrocuba. Avec eux le guitariste "Cotan".
Photographie Collection E. Lopez Nussa.

Parallèlement  à « AFROCUBA » REINOSO fonde pour Noël 1977 un autre groupe, « SONIDO CONTEMPORANEO »,  avec autour de lui Manuel DOCURRO, piano ; Ángel LÓPEZ, contrebasse et Tony à la batterie.  Ils animent les nuits du Río Club. REINOSO mise sur le swing et une musique qu’on entend difficilement à Cuba à ce moment, « Weather Report », Billy Cobhan… de bonnes versions de thèmes cubains et du jazz classique. De nombreux musiciens passent par « SONIDO CONTEMPORANEO » qui joue ainsi un rôle formateur. Pablo MENÉNDEZ, guitare; Lucia HUERGO, José Carlos ACOSTA, saxophones; Gonzalo RUBALCABA, Adolfo PEÑALVER, Jorge ÁRAGON, piano… . La formation reste au Río Club jusqu’en 1983 et s’installe ensuite à Las Antillas du Habana Libre jusqu’à la fin de la décennie quand Nicolás renonce à diriger des groupes et se consacre à travailler avec d’autres formations. Il rejoint alors  Sergio VITIER  et « ORU ». La formation n’est pas une formation jouant dans les clubs mais plutôt dans les théâtres et pour des activités culturelles. Elle plonge dans les racines yoruba et est l’une des toutes premières à utiliser les tambours bata. Nicolás y cotoie ainsi les bataleros  Mario et Windo, de l’illustre famille des “Aspirina” mais aussi le contrebassiste  « Cachaito », le batteur Guillermo BARRETO. Il enregistre avec  « ORU » un disque pour lequel Gemma CORREDERA est la vocaliste. REINOSO reste dans le groupe de VITIER jusqu’en 1993, date à laquelle il quitte Cuba pour l’Uruguay.

Dès son arrivée Nicolás  organise un sexteto puis avec un autre groupe personnel il participe au I° Festival de Punta del Este,  donne des cours, intègre d’autres formations de Candombe réalisant avec le groupe « Bantu » une tournée en France et en Espagne en 1996 . Il joue et enregistre  avec Lady Jones à Montevideo.


En 1998 Warner Bros publie un livre que Nicolás a écrit lorsqu’il était à Cuba sur l’improvisation dans le jazz, préfacé par Paquito d’RIVERA.

 

Il a également l’occasion d’aller jouer à Ibiza en 2000, 2002 et 2004. Lors du premier séjour REINOSO organise un groupe cubain avec le chanteur Ricardito, ancienne voix des conjuntos  « Los LATINOS » et «  RUMBAVANA ». Figurent également dans le quinteto le  percussionniste Nestor MORALES et le pianiste Omar GUZMÁN. Deux ans plus tard de nouveau à Ibiza il joue en duo avec Omar puis en 2004 avec le pianiste Victor Grissili et Nestor MORALES.

En 2006 Nicolás REINOSO entreprend un autre voyage aux Baléares mais pour se fixer à Mallorca.
Il joue ponctuellement dans les  bars, clubs et hôtels de l’île: le Cas’Capella, le Club Pollensa, le Mulligans Bar, l’hôtel Bahia où il participe aux débuts du groupe mallorquin  « Aixo es Cuba » en 2011. Nicolas joue également  depuis cette date avec le groupe « Fat Cats Jazz Band ». En 2015 avec ce groupe il participe au Festival de Jazz de Copenhague au Danemark. Nicolás anime depuis 2013 une émission de jazz sur Radio Pollensa.



Nicolás Reinoso et ses partenires au Festival de Jazz de Copenhague 2015
Le groupe "Fats Cats" avecNicolás retourne à Copenhague en 2016 pour jouer à l'hôtel Savoy et autres salles de la capitale danoise. A Mallorca sous forme de quinteto avec deux saxophonistes, piano, basse et batterie REINOSO et la formation continuent se présenter dans les hôlels et lieux d'animations.

© Patrick Dalmace

Discographie sélectionnée:
* "Afrocuba", La Havane 1977, Disponible en Mp3.

 

Cuba et le Jazz. Aujourd'hui le Jazz.
>>>>

 

....Biographies....

Q
<<<<
Reyes, "Pepesito".
>>>>